Interview avec Victorien Guillaume, maraîcher en Bretagne

Peux-tu te présenter ? Quelle est l'histoire du Pré de la Rivière ?
Je me suis installé sur la commune de Chanteloup en Bretagne après un temps de réflexion.
Il y a quelques années, j'étais gestionnaire de paie, j'avais envie de faire autre chose, d'avoir un travail plus en lien avec mes convictions, sur la préservation de l'écologie, de travailler avec du vivant, avec la nature, les saisons. Je me suis dirigé vers le métier d'agriculteur. J'ai refait une formation de maraîchage agricole et j'ai cherché pendant 2-3 ans du foncier.
Et après je suis donc arrivé un peu par hasard ici à Chanteloup et la ferme s'appelle le Pré de la Rivière parce que les anciens ont donné ce nom à la parcelle et on trouvait que ça sonnait bien.
Peux-tu nous en dire plus sur l'organisation de la ferme ?
Le Pré de la Rivière est une ferme qui n'est pas dans le modèle courant et qui est très diversifié. On a de nombreux ateliers, on a du maraîchage, diversifié avec plein de sortes de légumes. On a une partie pépinière où on fait des plants de fleurs et de plants potagers pour les particuliers, des ateliers d'animaux.
Pour faire tout ça, on est sept avec des salariés, et un associé. Chacun a sa partie, et chacun sait aussi aider les autres sur son atelier.
Quelle est ta culture passion ?
Je suis plutôt venu au métier d'agriculteur plus tard. Au départ, j'étais plus intéressé par la botanique. C'est pour cette raison que j'ai fait une formation de maraîchage.
Je voulais une ferme qui soit comme dans les années 50, avec la modernité. Tous les ateliers ont des liens entre eux. Petit à petit, tous les animaux se sont greffés sur la ferme et ça marche bien ensemble.
Comment cultivez-vous vos cultures ? Et comment élevez-vous l'ensemble de votre cheptel ?
Nous avons une ferme française 100 % en agriculture biologique. On fait le maximum pour la biodiversité. On laisse des zones de friche aussi, tout ce qui est ronces. On travaille vraiment sans produit, même ceux qui sont autorisés en agriculture bio. Au niveau des animaux, on travaille aussi avec des races locales. Pour nous, c'était important que tous les animaux puissent avoir un accès au plein air. Tous les animaux vont dehors, même les cochons peuvent courir dans les champs.
Pourquoi avoir fait le choix d'élever des races menacées ?
C'est un choix qui s'est fait naturellement, en lien avec nos idées. On était parti aussi sur le fait que comme j'étais en maraîchage, je connaissais moins le monde des animaux. Ce sont des races plus rustiques, il y a moins d'interventions vétérinaires lorsque les truies mettent bas. Ça me paraissait un peu plus facile d'approche. Ce sont des races qui sont bien adaptées au plein air. Ça nous permettait aussi de conserver une biodiversité agricole qui existe. C'est des animaux qu'on fait disparaître alors qu'il y a tout un patrimoine génétique à préserver qui pourrait nous servir dans les années futures.
Que faites-vous comme produits ?
On cultive des légumes et des fruits. Comme souvent avec le maraîchage, on produit aussi des plants pour les potagers, plants de fleurs vivaces, plantes de fleurs spécialement pour la biodiversité. On produit de la viande de bœuf, de mouton. On élève des poules pondeuses en plein air pour vendre des œufs directement à la ferme.
Avec un partenaire local, on produit des bocaux de légumes, des plats préparés de viande, des confitures... On a essayé de diversifier et de répondre un maximum à la demande de nos consommateurs.

Pourquoi avoir décidé de faire de la vente directe ?
On a toujours voulu avoir un lien avec nos consommateurs, c'est très important pour nous de pouvoir accompagner le client dans une démarche de changement d'alimentation et de découverte de nouveaux produits. On propose tout de même des saveurs différentes avec :
- la viande avec des races locales et rustiques
- les produits végétaux originaux
On aime bien tester des nouvelles variétés qui soient exotiques ou alors des variétés françaises plus anciennes. C'est important d'avoir cette relation et d'accompagner le consommateur.
Également, on fait de la vente directe car on souhaite faire la promotion de nos produits, c'est super important.
Au-delà de la vente à la ferme, nous distribuons nos produits via plusieurs canaux :
- sur des marchés autour de Rennes,
- via système de panier drive pour simplifier l'achat des consommateurs,
- avec la mise en place de livraisons,
- dans notre seconde épicerie dans le bourg où nous vendons nos produits, et ceux d'autres producteurs, environ 40.
Pourquoi avoir fait appel à Hectarea ?
On a fait appel à Hectarea pour pouvoir nous dégager de la trésorerie pour notre ergonomie sur la ferme, notamment pour tout ce qui est du travail pénible pour les salariés. Nous souhaitons aménager des postes de travail par exemple, ou acheter du matériel complémentaire. Nous avons des améliorations à faire pour pérenniser les emplois, il y a des choses qui peuvent se mettre en place assez facilement. Pour le confort des animaux aussi, pour le confort de tout le monde finalement !
Si vous aussi vous êtes porteur d'un projet agricole ? N'hésitez pas à consulter notre site pour financer votre terre.
La vente directe à la ferme en France : un retour vers le local
La vente directe
La vente directe à la ferme connaît en France un véritable renouveau en matière de vente de produits frais et locaux. Longtemps considérée comme marginale, elle s’impose désormais comme un mode de commercialisation à part entière, plébiscité par les consommateurs comme par les producteurs. Cette dynamique est portée par une double aspiration : celle des citoyens à mieux maîtriser la provenance et la qualité de leur alimentation, et celle des producteurs à reprendre la main sur la mise en valeur de leur activité et de leurs produits.
En 2020, environ 21 % des exploitations agricoles françaises déclaraient vendre tout ou partie de leur production en vente directe. Cela représente près de 112 000 fermes engagées dans une relation de proximité avec leurs clients. Cette tendance ne cesse de croître, portée notamment par la crise sanitaire, qui a mis en lumière l’importance des circuits de distribution courts, fiables et résilients.
La vente directe s’organise selon différents modèles de commercialisation en circuit court : ventes à la ferme via des petits magasins de producteurs, distributeurs automatiques, ventes sur les marchés, paniers hebdomadaires en AMAP, ou encore commandes en ligne via des plateformes web comme Cagette.net ou La Ruche qui dit Oui, qui permettent de trouver facilement des produits du fermier. Ces modèles permettent aux producteurs et agriculteurs de dégager de meilleures marges : en supprimant les intermédiaires, ils peuvent capter une part plus importante de la valeur ajoutée sur chaque produit fermier vendu sans intermédiaire, parfois jusqu’à 50 % de plus qu’en vente via des réseaux traditionnels comme la grande distribution.
Pour les clients, c’est l’assurance d’acheter des produits fermiers frais, comme des fruits, légumes ou de la viande locale, souvent de saison, directement auprès du fermier ou du producteur, avec un meilleur rapport qualité/prix et une information plus transparente sur l’origine, la qualité et la valeur du produit acheté. Une enquête menée en 2023 par l’Ifop révélait que près de trois Français sur quatre avaient déjà acheté des produits directement auprès d’un producteur. Ce chiffre témoigne d’un véritable changement dans les habitudes d’achat, et d’un désir croissant de soutenir l’agriculture locale.
Consultez notre page Investir à côté de chez vous pour découvrir s’il existe près de chez vous un agriculteur engagé dans des pratiques durables que vous pouvez financer.
Les circuits courts
Les circuits courts désignent toutes formes de vente impliquant au maximum un intermédiaire entre le producteur et le consommateur. Ils englobent donc la vente directe, mais aussi certaines formes de commerce coopératif ou de distribution locale.
Plus de 60 % des exploitations engagées dans les circuits courts combinent plusieurs canaux de distribution, souvent pour sécuriser leurs revenus et diversifier leur clientèle. Les circuits courts ne sont pas seulement une manière de vendre et de mettre en valeur les produits fermiers autrement : ils favorisent aussi la résilience des territoires ruraux, le lien social, et la transition vers une agriculture durable.

Le maraîchage : un modèle de proximité
Le maraîchage ça consiste en quoi ?
Le maraîchage, c’est l’art et le choix de cultiver des légumes, souvent sur de petites surfaces, avec une grande intensité de travail humain. Il joue un rôle central dans l’agriculture de proximité, car il permet une production variée, renouvelée au fil des saisons, et particulièrement adaptée aux attentes des consommateurs en circuits courts.
En France, environ 50 000 hectares sont aujourd’hui consacrés au maraîchage, principalement dans les zones périurbaines. Ce choix géographique n’est pas anodin : il permet d’approvisionner rapidement les bassins de population, tout en limitant les coûts de transport et l’empreinte carbone. On retrouve notamment de fortes concentrations de maraîchers autour des grandes agglomérations comme Paris, Lyon ou Nantes.
Le secteur maraîcher emploie plus de 45 000 actifs dans une activité agricole souvent indépendante, souvent dans des structures à taille humaine, avec une activité centrée sur la vente de légumes, fruits, viandes, et autres produits fermiers. Les exploitations maraîchères sont parmi les plus dynamiques en matière de vente directe, que ce soit en magasins de ferme, sur les marchés locaux ou via des commandes en ligne sur des plateformes web, intégrées à un réseau de distribution court, permettant de proposer leurs produits aux clients sans intermédiaire. En effet, la nature même des produits – frais, fragiles, périssables – incite à limiter les intermédiaires et à favoriser des débouchés rapides.
Maraîchage biologique : une part en constante progression
Le maraîchage est aussi l’un des piliers de l’agriculture biologique en France. En 2022, environ 17 % des surfaces de légumes frais (hors pommes de terre) étaient certifiées bio, une proportion nettement supérieure à la moyenne nationale toutes cultures confondues, qui s’élevait à 10,7 %. Ce succès s’explique par plusieurs facteurs : d’abord, la forte demande des consommateurs pour des légumes bio et locaux ; ensuite, le lien direct entre les maraîchers et leur clientèle, qui permet de valoriser pleinement la démarche environnementale.
Les maraîchers bio ont d’ailleurs un profil commercial particulier : la moitié d’entre eux vendent directement leurs produits aux consommateurs, soit à la ferme, soit via des paniers hebdomadaires, des marchés ou des magasins spécialisés. Cette stratégie permet non seulement de mieux rémunérer leur travail, mais aussi de sensibiliser leur clientèle aux enjeux d’une agriculture respectueuse des sols, de la biodiversité et de la santé.

Conclusion
La ferme du Pré de la Rivière illustre pleinement les atouts d’une agriculture locale, bio et diversifiée. Grâce à la vente directe, elle renforce le lien entre producteurs et consommateurs, tout en valorisant des pratiques respectueuses de l’environnement. Ce modèle séduit de plus en plus en France, porté par une demande croissante de produits frais, locaux et transparents. Les circuits courts permettent aux agriculteurs de mieux vivre de leur travail, et aux clients de retrouver du sens dans leur alimentation. Le maraîchage, au cœur de cette dynamique, joue un rôle clé dans la transition vers une agriculture de proximité. En soutenant ces initiatives, Hectarea contribue à faire grandir une nouvelle génération de fermes durables et engagées.
Investir comporte des risques de pertes partielles ou totales du capital
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